Le symptôme : quand le corps parle pour nous
Quand le corps dit ce que les mots taisent
Un mal de dos qui revient sans raison, des migraines, des insomnies, une boule dans la gorge impossible à avaler…
Bien souvent, le corps s’exprime quand la parole n’y arrive plus.
Ces manifestations physiques, que la médecine peine parfois à expliquer, ne sont pas anodines : elles peuvent dire quelque chose d’un conflit intérieur, d’une tension psychique qui cherche un autre moyen de se dire.
Le symptôme devient alors une forme de langage — une tentative, parfois maladroite, de mettre en scène ce qui ne peut pas encore être formulé.
Ce que cache le symptôme
En psychanalyse, le symptôme n’est pas un ennemi à faire disparaître à tout prix, mais un signal à écouter.
Il est la trace visible d’un compromis inconscient entre le désir et l’interdit, entre ce que le sujet veut et ce qu’il s’interdit de vouloir.
Freud l’avait montré dès ses premiers travaux : un symptôme naît d’un conflit psychique. C’est une solution trouvée par l’inconscient pour apaiser, de manière détournée, une tension intérieure.
Lacan parlera du symptôme comme d’une “formation de l’inconscient” : un message adressé à celui qui veut bien l’entendre.
Autrement dit, le corps parle — mais dans une autre langue.
Un eczéma peut dire “je ne supporte plus cette situation”, une fatigue chronique peut signifier “je n’ai plus de place pour moi”, une gorge serrée peut trahir “ce que je n’ai pas pu dire”.
Quand le corps devient scène du psychisme
Le corps devient parfois le théâtre de ce qui n’a pas pu être vécu autrement.
Certaines personnes apprennent très tôt à contenir leurs émotions, à être fortes, à ne pas déranger.
Mais ce qui n’a pas pu se dire trouve toujours un moyen de se manifester : c’est alors le corps qui se charge de dire la détresse, la colère, la peur ou la tristesse refoulée.
C’est pourquoi il est essentiel de ne pas opposer le corps et la psyché : ils dialoguent en permanence.
Le symptôme est une forme d’expression — douloureuse, certes — mais qui témoigne d’une vitalité, d’une tentative de réparation.
En thérapie : du corps parlant à la parole libératrice
Le travail thérapeutique permet d’entendre ce que le symptôme cherche à dire.
En parlant, en revisitant les situations qui ont précédé son apparition, on découvre souvent les émotions, les frustrations ou les non-dits qui l’ont déclenché.
Petit à petit, le symptôme peut se transformer : il perd sa fonction de signal d’alarme, car ce qu’il venait dire trouve enfin un espace pour être entendu autrement.
La parole, ici, agit comme un déplacement du corps vers la pensée : ce qui était subi devient compris.
C’est aussi un processus de réappropriation : le patient cesse de subir son symptôme, il devient acteur de son sens.
Et si le symptôme était une invitation ?
Plutôt que de chercher à le faire taire à tout prix, on peut entendre le symptôme comme une invitation à se rencontrer soi-même.
Il vient dire : “quelque chose en toi a besoin d’attention”.
Dans la démarche psychanalytique, il ne s’agit pas de “soigner un symptôme” au sens médical, mais d’accompagner une transformation intérieure.
Et souvent, quand la parole circule à nouveau, le corps, lui aussi, retrouve un peu de paix.